C’est le symbolique qui, seul, par un accrochage au réel, permet et organise la possibilité du passage de la dimension 2 à la dimension 3.
Le vide (symbolique) en est l’outil.
En effet, il y a comme une nécessité d’intériorisation de l’extérieur avant de pouvoir passer de la dimension 2 à la dimension 3. Une nécessité d’intrinsècation du vide infini extérieur. Comme une intériorisation de l’Autre.
Répétons nous différemment : la dimension 3 est le résultat de la mise en œuvre du symbolique et dans le même temps le symbolique est le résultat de la mise en œuvre de la dimension 3.
Il y a interaction entre le symbolique et la dimension 3.
Comme dans le cas du passage de la mort symbolique !
Cela, bien sûr, ne nous donne pas la formule qui préside chez un humain au fait de parvenir à trouver la voie du passage. Cela est de l’ordre du réel de chacun. Chacun doit y trouver sa voie !
Nous ne nous occupons donc que de ce qui s’opère techniquement, une fois l’action de passage engagée.
Cette interaction passe, nous l’avons dit, par la nécessité d’une intériorisation de l’extérieur et s’opère par l’intrinsècation du vide extrinsèque, lieu de l’Autre.
Ainsi, si je veux faire passer une feuille de papier (21×27) de la Dim2 à la Dim 3, je devrais y incorporer au sens biblique, le vide extérieur, en la repliant ainsi (selon les pointillés).
Dim 2 = Longueur x Largeur
Ceci afin de parvenir à partir de la dimension 2 de la feuille, à faire protubérer une dimension supplémentaire.
J’obtiens alors cette figure percée où le vide extrinsèque est repris symboliquement et intrinsèquement.
Deux trous dans l’étoffe du papier vont permettre de le replier afin qu’il se retrouve projeté de la dimension 2 à la dimension 3.
La flèche blanche n’est là que pour tenter (sans succès) de faire barrage à cette inversion visuelle qui consiste soudain à voir apparaître en creux ce qui l’instant d’avant semblait plein. Première possibilité de renversement de la succession des surfaces !
Une fois la feuille repliée, le vide qui a présidé à la possibilité de sa construction, est archivé. Il disparaît à la vue mais continue d’œuvrer bien que n’étant plus du domaine de la représentation. C’est ça le sens du mot « Arche »: mis définitivement au secret, scellé (et celé) dans une urne, afin que perdure l’efficace de la connaissance d’avant bien qu’on n’y ait plus accès !
On constate bien alors cette organisation qu’on retrouvera toujours lors du passage de la DIM 2 à la DIM 3 (ou même lors du passage de la mort symbolique) : l’inversion, ou le retournement, que l’on constate, également ici, dans l’étoffe du papier où le profil du papier au premier plan sera opposé au profil du papier de l’arrière plan.
Une sorte de conciliation des contraires !
————————
Nous l’avons dit ailleurs, c’est seulement quand l’enfant accède à la perspective par la troisième dimension qu’il peut accéder à la marche et à l’usage de la parole.
La personne illettrée, consciente de ce que l’intériorisation du vide extrinsèque ressemble à l’intériorisation de sa mort, confond dans son inconscient mort symbolique et mort dans la réalité. Elle est terrorisée, comme Godard et Deuleuze l’ont été eux-mêmes en leur temps. Comme eux, elle fait alors marche arrière et annule son accès à la troisième dimension. Ou plutôt, implicitement et à son insu, elle fait « comme si » elle n’y avait pas eu accès.
Elle se retrouve alors privée de l’accès à la langue et privée de tout usage (ou accès) de l’espace où elle baigne. C’est-à-dire : la vie !
Elle confondra très souvent sa gauche et sa droite (la différence sexuelle !).
Le seul moyen de lui faire accepter son refoulement est de parvenir dans un premier temps à lui démontrer l’aspect simplement mathématique de ce qu’elle refoule. La différence entre (-1) et (+1). C’est-à-dire, mathématiquement la différence des sexes !
C’est seulement après cette appropriation de la différence que pourra être ébauché le fait que chaque concept étant toujours de quatre ordre (Imaginaire, Symbolique, Réel, Réalité), la mort symbolique n’a fondamentalement rien à voir avec la mort imaginaire ou la mort dans la réalité !
On pourra passer ensuite à l’étude de ce qui différentie la métonymie de la métaphore, le fini de l’infini (mathématiquement).
La personne illettrée pourra alors sans crainte se mettre en route pour retrouver le chemin de la dimension de la langue et s’approprier à nouveau l’usage de sa parole.
Il faut rajouter que dans le monde d’aujourd’hui, très peu nombreux sont les humains qui acceptent le courage de s’affronter ou de se confronter à l’angoisse du passage. Tous ou presque préfèrent jouer l’aventure imaginaire à moindre risque. La mort imaginaire et tout ce qui en découle et qui à a voir avec les trous imaginaires ou dans la réalité. Boire comme un trou, se piquer, le piercing, aller au trou (prison) ou finir précocement dans le trou. Bof !
La personne illettrée, elle, est une personne très précoce et bien plus courageuse que la moyenne, puisque déjà, juste avant de faire marche arrière, elle s’était confrontée à l’horreur (et à l’angoisse) qui saisit toujours celui qui se frotte à la mort symbolique. C’est-à-dire celui qui est en voie de passer pour advenir une fois le vide (trou) symbolique incorporé, à ce qui s’appelle la vie.
Il fallait le dire !
———————————————————————————————————————————————————————-
L’inscription du vide symbolique comme outil pour parvenir à la conciliation des contraires
Nous ne dirons jamais assez cette nécessité d’en passer par le trou, le vide, afin d’aborder à une possibilité de retournement, de retroussement, d’inversion ou de changement de dimension. Cela est plus visible, dans le cas des figures fermées comme la sphère et le tore.
Leur retournement témoigne de la différence de dimension de ces deux figures qui avant le retournement semblaient appartenir au même monde.
Ce retournement est le plus souvent symbolique car il participe à incorporer dans un intérieur, l’espace cosmique infini, le vide qui auparavant se trouvait à l’extérieur.
Il fait passer l’Infini au domaine du Fini, ce qui est un scandale !
La sphère
——————————————–
Le tore
Si je veux retrousser ma sphère bleue à l’extérieur et rouge à l’intérieur, je dois y faire un trou, un vide, une irrégularité de la surface.
Je peux enfin l’inverser, la retrousser, la retourner.
J’obtiens alors :une sphère rouge à l’extérieur et bleue à l’intérieur avec le trou qui a servi au retournement qui se trouve au même endroit.
——————–
Si je veux retrousser mon tore, je dois y faire un trou.
Le tore troué
Bleu à l’intérieur
Rouge à l’extérieur
J’obtiens alors :une sphère rouge à l’extérieur et bleue à l’intérieur avec le trou qui a servi au retournement qui se trouve au même endroit.
——————–
Si je veux retrousser mon tore, je dois y faire un trou.
Je peux enfin le retrousser, le retourner.
Il est devenu bleu à l’extérieur et rouge à l’intérieur et je retrouve, en rouge, l’endroit (différent) du trou qui a permis le
retournement (la flèche verte n’est là que pour montrer la vacuité du conduit intérieur).
Quelque chose dans le résultat du retournement nous interpelle ici, du côté de la surprise et brutalise notre sens de la rationalité !
On voit bien grâce à la différence des résultats obtenus par le retournement, que de la sphère au tore, nous avons changé de discours ou de dimension.
Ces deux figures sont de dimensions différentes, ce qui n’apparaissait pas avant le retournement.
———————
La personne illettrée n’a pas accès à ce vacillement qui peut nous faire passer de la pensée sphérique à la pensée torique. Elle n’a pas non plus accès à la possibilité de passer d’une figure en creux à la même figure en plein. Il lui est impossible de choisir l’une ou l’autre, alors dans son incertitude, elle choisit de n’en choisir aucune dans une tentative avortée de garder la maîtrise.
Elle n’a plus accès à la différence des sexes.
À partir de là, inutile de tenter de lui faire accorder une phrase en genre ou en nombre, elle aura déjà assez de soucis pour faire la différence entre sa droite et sa gauche.
C’est ce qui donne a son tourment l’apparence d’un symptôme obsessionnel, alors qu’on se trouve bien plus en face d’une phobie. Une phobie des contraires, une phobie de la différence d’ailleurs pas si éloignée que cela de ce qui tenaille les tenants de la théorie du métissage (autre face de la théorie de la pureté de la race) !