Dans une école expérimentale où je travaille comme enseignant spécialisé, lorsque je suis confronté pour la première fois à une personne qui présente certains aspects légers de l’illettrisme, je lui fais parfois lire un texte et pendant la lecture je ne l’interrompt pas mais, je trace au tableau pendant qu’elle lit, deux colonnes que j’intitule “H” à gauche et “F” à droite.
Parfois, lorsque le lecteur prononce “il” à la place de « elle”, ou fait une erreur d’accord d’adjectif ou de verbe, je fais une croix dans la colonne droite ou gauche. Il est bien rare qu’à la fin du cours on ne vienne pas me demander “ce que ça veut dire”.
Je leurs demande alors : « Qu’en pensez-vous« ?
et toujours, j’ai cette réponse : « C‘est drôle, ça me fait penser à homme et femme ! » .
Je répond souvent : « Quelle drôle d’idée ! ».
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Le fait que la réflexion vienne d’eux leurs ouvre un espace qui affleure à la limites de cet endroit où nous sommes mis en demeure de choisir entre être « sexué-oui » ou être « sexué-non« , afin que nous puissions nous retrouver dans la lecture et qu’elle fasse sens pour nous.
Pourquoi dans ce cas tant d’humains illettrés, pourquoi tant d’humain ressentent-ils le besoin de ne pas opérer ce choix libérateur d’espace où se lire, pourquoi ce « dé-lire » ?
Il me semble toujours que l’humain fait fausse route, en toute bonne fois d’ailleurs ce qui n’est pas exclusif de son courage et de son énergie, en voulant faire du « masculin » ou de la virilité un référent pour asseoir son métier d’Homme.
Hélas pour nous, les humains, il n’y a
pas d’autre référent que le « féminin » !
Or, du féminin, l’homme n’en veut pas,
et la femme non plus !
Sans féminin, il n’y a plus de genre !
C’est le problème de la personne illettrée !