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Métaphore et Sexuation, par Charley Supper

Pour la psychanalyse, en dehors de la psychose, le symptôme se résume  dans l’inconscient à trois possibilités d’envisager la sexuation :

 

  1. L’hystérique et le « Ou-ou »

Suis-je un homme ou une femme ou un homme ou

Seul le « ou » surnage après un temps? C’est cela, pourrait-on dire, ce qui représente le sujet comme absent : « ou ». Bonjour, je suis ou ?

  1. L’obsessionnel et le « Ni-ni »

Je ne suis ni un homme ni une femme, foutez moi la paix…

Pas de vie affective ou alors très problématique pour pouvoir respecter le ni-ni.

  1. Le pervers et le « Oui à condition que non« 

(Lacan dit : soulignez « à condition »). Le pervers n’aimera les femmes que si elles sont désirées par celui qui est l’objet réel de son désir, souvent son meilleur ami.

 

Dans ces trois cas, seule la métaphore est le moyen de parvenir, dans l’inconscient,  à quelque chose qui soit de l’ordre d’un « Et oui et non » et qui pourrait se résumer par la formule « je ne suis pas sans » être cela, aussi.

 

L’inconscient ne connaît pas la contradiction. Oui et non y sont simultanément cohérents mais nécessitent pour « tenir », l’usage d’une métaphore seule apte à assurer la contradiction cohérente qui toujours fera implicitement référence au fait qu’être un homme, c’est aussi être quelque part une femme, ceci bien sur seulement après l’advention de la castration symbolique (ou de la mort symbolique, ce qui revient au même mais n’est pas un terme de psychanalyse) qui permet d’être en même temps vivant et mort (symboliquement). Je me rappelle que les anciens Egyptiens surnommaient morts–vivants, ceux qui n’avaient pas subi l’initiation du Temple.

 

La métaphore est un processus qui toujours se réfère implicitement à la sexuation laquelle est du registre symbolique, alors que la sexualité serait plutôt du côté imaginaire. Y’en aurait qui jouiraient !

 

Les humains, comme êtres sexués sont de deux sortes (uniquement), d’un côté des Hommes-femme et de l’autre, des Hommes-femme. Ceci hors pathologie bien sûr, c’est-à-dire une fois la castration symboliquement enregistrée dans l’inconscient !

 

Le malaise que produit la métaphore vient de ce qu’elle profère en même temps et oui et non, elle se rapproche en cela de ce que Freud appelait « mot d’esprit » qui souvent a une connotation sexuelle ambigue pour être efficace.

 

La métaphore me semble être symbolique alors que la métonymie serait plutôt du côté imaginaire bien que Lacan ait pu dire le contraire parfois. Tout dépend de l’angle de vue par lequel on aborde le problème.

 

Ainsi, l’on peut s’amuser à aborder la métaphore topologiquement !

 

 

Prenons une bande Moebius qui est par définition monoface et monobord !

Faisons lui une coupure mitante (au milieu) du ruban !

 

 

 

figure 1

 

La coupure mitante de la bande Moebius monoface monobord va donner ceci :

 

 

figure 2

 

Un ruban qui par le fait de la coupure est devenu biface et bibord

 

Eh bien même si on ne le perçoit pas de suite, l’espace interne entre le bord  interne du ruban est une métaphore de la bande initiale avant coupure.

 

 

figure 3

 

La coupure (le vide)  du ruban perçue ici imaginairement en orange est resté monoface et monobord, comme une mémoire de la figure 1 d’avant la coupure.

 

Ruban imaginaire orange qui est aussi une métaphore de ce que l’on obtient réellement en coupant la bande Moebius non pas en son mitan mais sur son côté, comme ceci :

 

 

figure 4

 

pour obtenir réellement l’équivalent de la métaphore étoffante du vide de la figure 3

 

 

figure 5

 

D’où l’on peut déduire que certaines coupures (pas toutes) conservent les caractéristiques de l’objet qu’elles contribuent, en le coupant, à faire disparaître.

 

C’est ça la métaphore ! Une information qui bien que n’étant plus visible, apparente,  conserve les données qui régissaient le temps d’avant et qui ont été supprimées, archivées.

 

Comme « l’Arche » est ce coffret scellé à jamais où est conservée la connaissance d’avant comme étant toujours opérationnelle d’autant que l’on n’y a plus accès.