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Illettrisme et Différence

« …
Mais l’Atman n’éprouvait pas de joie ;
il n’éprouvait pas de joie parce qu’il était seul.
Il désira qu’il y ait un second.
Et il était aussi grand qu’une femme
et un homme quand ils se tiennent enlacés.
Ce soi qui était sien, il le fit se diviser en deux :
de là sortirent époux et épouse.
C’est pourquoi le corps du soi
est semblable à la moitié d’une coquille,
Voilà ce qu’a dit Yâjnavalkya.
Et c’est pourquoi cet espace vide
ici est rempli par la femme. »

Upanishad Brihad-Aranyaka, I,4,3,La genèse du monde à partir de l’Atman (le soi ou moi

Illettrisme et Différence (révision)


Ce qui fait le principe même du fonctionnement de l’illettrisme est un non-enregistrement de l’inscription symbolique de la sexuation.

Cette non-inscription symbolique a une incidence sur la Lettre et empêche que soit opérable la différenciation entre les lettres de l’alphabet, lesquelles se retrouvent alors avoir toutes le même sens, celui du vide de sens qui normalement représente le lien non visualisable entre les lettres de l’alphabet.

Au lieu de dire que la non sexuation symbolique a une incidence sur la Lettre, il vaudrait mieux dire que la non-différence de la Lettre a une incidence sur la sexuation-oui en y faisant obstacle, car l’humain étant un être de parole, un « parl’être » comme dit Lacan, il est agi par la position où il se situe en fonction de la Lettre.

La Lettre est ce qui lie les petites lettres entre elles, d’opérer leur différence.

Le concept de différence induit que fonctionnent simultanément la fonction du partir et celle du répartir.

Une frontière est acquise seulement lorsqu’elle opère en même temps la fonction de séparer (partir) de ce qui n’est pas le territoire qu’elle définit, et celle de rassembler (répartir) les parcelles de ce qu’elle inclut sous les auspices du même.

Le même processus, qui régit les lettres de l’alphabet, opère entre les deux sexes qui forment l’humanité.

 

 

 

Ho(mme) Fe(mme)

Ce qui intrinsèquement (c’est-à-dire à l’intérieur même des limites de la frontière), opère la différence, ne peut s’inscrire que sous les auspices du même, chez chacun des êtres concernés par la différenciation.

Pour chacune des lettres de l’alphabet, cette différence serait comme l’inscription chez chacune de : « pas les autres ».

Cela nécessite donc que soit déjà défini l’ensemble de ce dont il est question : ici, l’alphabet.

« A » sera donc, pas B, pas C, pas D, pas aucune des autres lettres jusqu’à « Z ».

La sexuation également, doit s’inscrire sous les auspices du même, mais pas n’importe quel « même ».

Ce même, c’est le féminin !

 

 

« mme »

C’est le féminin en ce qu’il s’agit de prendre en compte ce qui se passerait si quelque chose qui n’apparaît pas était opérant.

Ainsi, dans l’amour, l’homme donne à la femme ce qu’il n’a pas et la femme donne à l’homme ce qu’elle n’a pas.

Chacun donne à l’autre ce qu’il n’a pas, mais qui si il l’avait ferait de lui un être diffèrent.

On y rajoute à chacun d’eux un « mme » (c’est-à-dire même ou Madame !)

 

 

Il reste encore à y ajouter le blasphème qui consiste à inscrire ce qui n’a pas besoin d’être visible ou représenté pour être efficace et opérant !

Le blasphème : « mme » (comme on dirait miam-miam !)

Le Blasphème

Il va servir à recevoir l’inscription du même, laquelle va installer la différence sexuelle entre « Ho » et « FE »

C’est l’inscription visualisable de ce qui les « dit eux », dans l’essence même de leur différence, identique pour chacun d’eux.

On ne peut plus maintenant les confondre (par exemple en retournant l’un d’eux) il sont maintenant marqués, à défaut d’être sexués !

Pour qu’ils soient sexués, il reste encore à chacun à donner à l’autre ce que lui n’a pas, ce qui les inscrira sous les auspices de la différence sexuelle

« ho », donne à « fe » ce qu’il n’a pas :


Ce qu’il n’a pas et qui, si il l’avait ferait de lui un être dénoué (comme l’Arche du même nom).


Ce qu’il n’a pas et qu’il donne à « fe », fait d’elle un être noué par l’amour.

Fe donne à ho ce qu’elle n’a pas !

Ce qu’elle n’a pas, et qui si elle l’avait, ferait d’elle un être noué (toujours comme l’Arche du même nom).

Ce qu’elle n’a pas et qu’elle donne à l' »ho », fait de lui un être dénoué par l’amour.

Sans doute est-ce là, la raison de ce qui fait dire depuis toujours la différence face à la fidélité, de « ho » et de « fe ».

Nous sommes des êtres de langage par le biais de la parole ! La parole, c’est lorsque la différence est inscrite dans la langue.

Le linguiste Jean-Claude MILNER dit : « la langue est un organe ».

Je crois plutôt que la langue est une fonction et que c’est l’écriture qui est un organe, car la différence est une inscription symbolique, une écriture qui s’inscrit dans l’inconscient, comme je l’ai déjà dit, à l’encre sympathique sur un support d’absence.

C’est cette différence symbolique et absolue[1] que nous appelons sexuation.

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[1] Absolue :qui veut dire coupée.