Frege serait donc d’accord avec Quine en ce qui concerne la forme logique des phrases générales : (i) ci-dessus. (Une différence importante est que Quine n’admettrait pas l’explication de Frege en termes d’une hiérarchie de prédicats et de concepts.)
Comment Frege analyse-t-il (ii) et (iii), c’est-à-dire des constructions dans lesquelles le verbe ordinaire « exister » a pour sujet ce qui apparaît comme un terme singulier (une description définie ou un nom propre) ?
Selon Frege, le verbe « exister » dans « Leo Sachse existe » est superflu, va de soi, et donc n’exprime aucun contenu.
Lorsque Frege dit que dans des contextes de ce genre, le verbe « exister » est superflu, il ne veut pas dire que c’est un prédicat de premier ordre qui est vrai de tous les objets. Le verbe « exister » est superflu, et non redondant. On peut certes objecter qu’un prédicat redondant n’est pas un prédicat du tout, mais il se trouve qu’il y a des prédicats redondants : « est F ou n’est pas F » et « est identique à lui-même » en sont des exemples.
Ce que Frege veut dire, c’est que le verbe « exister », dans les contextes où il semble être utilisé comme prédicat d’objet, n’a en réalité aucune portée logique. À la limite, « a existe », où « a » est un terme singulier, a le même sens que « a = a ».
Autres perspectives
Même après avoir lu Frege et Quine, on peut avoir le sentiment que certains usages singuliers du verbe « exister » ne sont pas superflus. Par exemple, j’ai l’expérience visuelle d’une tasse, mais je ne sais pas si je suis victime d’une hallucination ou si je perçois véritablement une tasse devant moi. Il semble que je puisse me demander si cet objet existe ou, ce qui revient ici au même, s’il est réel.
1) Les termes déictiques comme « cet objet » sont les paradigmes de termes singuliers. L’espoir de les réduire à des constructions prédicatives et donc générales est mince. La stratégie de Quine s’applique difficilement à ce type de cas.