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Métaphore et Métonymie

Métaphore et Métonymie – Ces deux concepts, comme celui de « signifiant » ont été détournés par Lacan de leur acception purement linguistique.

La « métonymie » s’analyse en une figure de style qui consiste à désigner un objet par un autre terme que celui qui est habituellement employé, et qui lui est associé par contiguïté: c’est, par exemple, prendre une partie pour le tout et dire « une voile à l’horizon » pour évoquer un bateau; c’est aussi prendre la matière pour l’objet et dire « croiser le fer » pour décrire un combat. C’est enfin prendre le contenant pour le contenu et dire « boire un verre » pour exprimer le fait de prendre une consommation dans un café. Le mouvement de la métonymie est donc toujours le même: il consiste à réduire un ensemble à un détail, l’important à l’anodin, le primordial à l’accessoire.

La « métaphore » est aussi une figure de style et consiste à transporter un mot de l’objet qu’il désigne d’ordinaire à un autre objet auquel il ne convient que par comparaison et par similarité: ainsi évoquera-t-on le courage d’un homme en l’appelant un « lion »; ou bien encore parlera-t-on de la « fleur de l’âge » pour désigner la jeunesse, ou de l' »hiver de la vie » pour illustrer la vieillesse. La métaphore consiste donc à utiliser un mot pour un autre et constitue un procédé souvent utilisé en poésie. « Sa gerbe n’était pas avare ni haineuse », dit le poète Victor Hugo, pour désigner Booz.

La métaphore et la métonymie ont été reprises par Lacan dans une acception différente de celle de la linguistique. Dans son séminaire sur les Psychoses, il expose, en effet, que « d’une manière générale, ce que Freud appelle la condensation, c’est ce qu’on appelle en rhétorique la métaphore, et ce qu’il appelle le déplacement, c’est la métonymie ».

Le signifiant s’analyse donc, selon Lacan, comme l’instrument avec lequel s’exprime le signifié disparu. En psychanalyse, ce signifié disparu est constitué par les représentations refoulées dans l’inconscient. Il met l’accent sur la censure, donc sur l’objectif de travestissement et de déformation opéré à l’aide des mécanismes de la métaphore et de la métonymie, et préside à l’émergence des formations de l’inconscient et au travail du rêve.

 

Métaphore et Métonymie (Extrait de « Illettrisme et Sexuation » de Charley Supper)

Comment ne pas ressentir cette impression de « souffrance » de la personne illettrée qui tente de déchiffrer un texte ? On éprouve alors un sentiment de séparation absolue entre elle et nous, qui parvenons à faire du texte une entité égale à la somme des signes qui la composent « +1 » .

Lecture = somme des signes utilisés + 1

Que représente ce « +1 » non apparent, auquel la personne illettrée n’a pas accès ?

Il n’est pas si éloigné que ça de la notion d’unité de Dieu dont l’interprétation fait encore des ravages aujourd’hui.

L’illettré n’a accès qu’à l’abord « imaginaire » de la lecture ou de l’écriture. Il ignore (dans les deux sens de ce mot : actif, il n’en veut pas, passif, il n’en sait rien[1] ), il ignore l’abord « symbolique » de la langue.

L’illettré n’a pas accès à l’Autre de l’écriture, (c’est-à-dire à « l’Autre sexe » dont je redis qu’il n’est ni masculin ni féminin, en ce qu’il se réfère à la sexuation et non à la sexualité).

Il n’a pas intégré la « métaphore » qui sert à mettre un terme au perpétuel glissement métonymique, conséquence de la non sexuation.

L’imaginaire est toujours référé à du « binaire » et il s’obstine à vouloir dégager du « masculin » pour faire pendant au « féminin » dont personne ne veut, confinant ainsi l’écriture ou la lecture au domaine du « quantifiable ».

On entasse les mots en visant un but final (ou solution globale comme le nazisme ou le projet actuel du « web planétaire ») en visant pour but final le « Tout ».

Avec pour résultante, l’obligation de sacrifier[2] ce qui fait trou imaginaire (les juifs chez les nazis, lui-même chez l’illettré, et nous ne tarderons pas à voir qui, chez les tenants de la Planète globale).

Le Tout du Savoir, une « totalité » qui fait support au « totalitarisme » dont personne ne veut mais auquel tous adhèrent ne serait-ce que sous la forme abjecte de ce projet de « village planétaire » dont on nous rebat les oreilles et qui fait chacun avoir des trémolos dans la voix lorsqu’il est question de la dite « planète globale ».

Ce Tout, on le retrouve chez les acharnés défenseurs actuels de la « Différence » dont le seul leitmotiv est « métissage » (que ce soit la « world music » ou l’art en général), c’est-à-dire un refus total de la différence qui vient d’un abord purement imaginaire du problème[3] .

Que veut dire cette recherche du Tout du savoir ?

Cela signifie qu’ on attend la fin de l’ingestion du tout

pour commencer à vivre.

 

Hélas, seule la Mort est toute !

 

Attendre la mort pour commencer à vivre, voila à quoi en sont réduits les tenants du tout-savoir, que nous voyons souvent s’afficher dans les kiosques ”Tout sur ce que vous n’avez jamais osé demander”, (le sexe, surtout dans son versant débridé…etc…etc…)

Voilà à quoi en est réduit l’illettré face à sa lecture. Il est devenu lui-même en personne[4], ce vide, cette mort !

Pour pouvoir lire il faut être vivant symboliquement !

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J’ai l’exemple d’un personne qui, un an après s’être acheté un ordinateur, ne s’en était pas encore servi. A ma question qui s’en étonnait, elle répondit qu’elle attendait d’en connaître par cœur le mode d’emploi.
Cet entassement des mots, c’est ça que fait l’illettré qui pense qu’il est nécessaire de les connaître tous pour pouvoir commencer à en tirer profit. Il est dans le pure lexical, oubliant que la syntaxe joue un rôle de liant des mots sans lequel l’histoire racontée ne peut apparaître.
Cela lui vient du mode binaire où il agit, qui n’est autre qu’un recours à la sexualité pour solutionner sa sexuation.

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[1] Même le simple choix des mots oblige à se référer à du sexuel : actif = masculin, passif = féminin.

[2] Voir G. Bataille, “La part maudite”.

[3] C’est ici que nous inscririons ce troisième sexe (des anges) qu’on essaye de nous faire gober sous les aspects de l’homosexualité comme statut social.

[4] Ce mot “personne” qui signifie autant quelqu’un que pas un seul, vient de l’étrusque où il signifiait : le masque.


Aitres pages sur la métaphore :

Paul Ricœur Extrait de : http://www.info-metaphore.com

Temps et récit, t. I, « L’ordre philosophique », Seuil, 1983, 322 p. « Avant-propos », pp. 11-14 :

Résume l’argument de Temps et récit et La métaphore vive pour montrer en quoi ils convergent : l’innovation sémantique.

« Ce qui rapproche le récit de la métaphore, c’est la « synthèse de l’hétérogène ». P. 13 « Je me suis risqué, en conséquence, à parler non seulement de sens métaphorique, mais de référence métaphorique, pour dire ce pouvoir de l’énoncé métaphorique de re-décrire une réalité inaccessible à la description directe. J’ai même suggéré de faire du « voir-comme », en quoi se résume la puissance de la métaphore, le révélateur d’un « être-comme » au niveau ontologique le plus radical.  » …