Extraits du site : école lacanienne.net (« Pas-Tout Lacan »)
L’oubli, le lapsus, l’acte manqué, le mot d’esprit ou le rêve sont, en effet, tous réglés par des enchaînements de langage particulier, qui ne font autre chose que d’exprimer un désir.
Le signifiant en linguistique
Le terme de « signifiant » a été emprunté par Lacan à la linguistique, en particulier à F. de Saussure (Cours de linguistique générale, 1915) et à R. Jakobson (Deux Aspects du langage et deux types d’aphasies et Essais de linguistique générale).
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Pour Saussure, le « signe linguistique » est une entité psychique à deux faces: le « signifié », ou concept (par exemple, si l’on pense au mot « table », il s’agira de l’idée de la table, et non d’une table réelle), et le « signifiant » qui s’analyse également en une entité psychique, puisqu’il va s’agir non pas du son matériel que l’on produit en prononçant le mot « table », mais de l’image acoustique que provoque un tel son.
Selon Saussure, le signe linguistique est « arbitraire » dans une langue donnée, c’est-à-dire qu’il n’existe aucun rapport de nécessité entre s et S, si ce n’est ce qui fait consensus dans un groupe parlant la même langue. Par ailleurs, ce signe dans son arbitraire est « immuable », quoique pouvant subir des altérations. Enfin, il a surtout le caractère d’être « linéaire », ce qui implique que les signifiants s’agencent dans la langue en une suite que l’on appelle la « chaîne parlée », à laquelle Lacan donnera le nom de « chaîne signifiante ».
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R. Jakobson, de son côté, poursuivant ces recherches, déterminera deux pôles de langage: la « métaphore » et la « métonymie ». Évoquant L’Interprétation des rêves de Freud, il s’attachera à démontrer que les mécanismes de formation des rêves, la « condensation » et le « déplacement », sont des mécanismes parallèles à ceux de la métaphore et de la métonymie, ce que Lacan reprendra par la suite.
La conception lacanienne du signifiant
Lacan va s’approprier les concepts de la linguistique structurale en les appliquant à l’expérience analytique. Ce changement de champ va entraîner un certain nombre de distorsions que Lacan s’est autorisé à faire, tout en convenant qu’il ne faisait pas de la linguistique, mais de la « linguisterie ». Ces distorsions se révéleront fécondes pour la théorie psychanalytique.
En premier lieu, l’algorithme saussurien va être inversé, et devenir S/s. Lacan veut mettre par là en évidence ce qu’il appelle la « suprématie du signifiant sur le signifié« . Ce nouvel algorithme ne sera, dès lors, plus celui du signe linguistique, mais il sera inversé.
Il en résulte que, selon Lacan, c’est le signifiant qui gouverne le discours et non pas l’inverse.
Quant à la barre de l’algorithme située entre S et s, elle représente la « résistance à la signification« , où l’on retrouve l’idée freudienne de « censure ».
C’est ainsi que Lacan a pu poser l’hypothèse de « l’inconscient […] structuré comme un langage », hypothèse qui sera également fondée sur les concepts de « métaphore » et de « métonymie« .