La liste des termes guerriers pour parler de l’illettrisme est longue et indécente.
Assez de la « lutte contre » l’illettrisme. Nous avons constaté que l’illettrisme est une souffrance productrice d’intelligence et nous travaillons « avec » et « pour » les personnes illettrées !
La liste des termes guerriers pour parler de l’illettrisme est longue et indécente.
Chacune des formulations indexées ci-dessous ont été trouvées sur des sites s’occupant des problèmes liés à l’illettrisme.Pas une fois nous avons trouvé de formule marquant l’ombre d’une marque de respect envers les personnes illettrées.
Nous n’avons trouvé que :
- Vaincre l’illettrisme
- Lutter contre l’illettrisme
- En finir avec l’illettrisme
- Suppression de l’illettrisme
- L’éradication de l’illettrisme
- Venir à bout de l’illettrisme
- En guerre totale contre l’illettrisme
- Prendre les armes contre l’illettrisme
La terminologie guerrière est le signe de l’impuissance qui ne s’accepte pas, de l’impuissance imaginaire donc, qui recourt à la force pour (se) cacher qu’elle n’accepte pas le trou dans le savoir. Trou sans lequel il est difficile d’accéder au métier d’homme.
Le Savoir pas plus que La femme, n’est Tout !
La passion du Tout (Le Tout-aimisme) est à l’œuvre dans le concept de planète globale. Comme passion de la Totalité, elle mène au Totalitarisme en singeant l’idée de Dieu.
C’est en fait une passion de l’ignorance d’un savoir du trou.
Nous le répétons : nous tenons pour vrai que l’illettrisme (autant que la psychose ou l’autisme) produit de l’intelligence.
A la date du 18 novembre 2009, la liste des termes guerriers s’est encore accentuée en horreur et en virulence. Elle s’est tant accentuée du côté de l’horreur que nous ne vous en donnerons pas la liste pour ne pas rentrer dans la jouissance de mort qui est à l’œuvre dans ces expressions.
Nous préférons vous donner un petit texte issu du CRAPT CARRLI-Alsace qui nous laisse augurer que nous ne sommes pas seuls à tenir ce discours :
crapt-carrli.gip-fcip-alsace.fr
De l’illetrisme au littérisme un changement de point de vue
Le 30 août 2005, le Journal Officiel entérinait la création d’un nouveau mot. Un mot un peu bizarre, un mot tronqué, libéré de sa particule négative. Ce mot ? Littérisme.Qu’est-ce que le littérisme ?
Le littérisme est « la capacité à lire un texte simple en le comprenant, à utiliser et à communiquer une information écrite dans la vie courante ».
Pourquoi un mot nouveau ?
- Pour échapper à des expressions doublement négatives : »lutte contre l’illettrisme », « résorption de l’illettrisme »…
- Pour désigner à l’instar de l’anglais « literacy », les compétences de la personne et non des manques, des échecs.
- Pour permettre de déterminer des niveaux de littérisme, ou d’évaluer les progrès en littérisme, de manière plus positive que ne le peut la terminologie actuelle de la remédiation.
Nous pourrions donc parler d’actions de littérisation, plutôt que d’actions de lutte contre l’illettrisme ou de remédiation linguistique.
Et pourtant, nous ne le faisons pas. Pourquoi ?
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Littérisme ? Encore un ravage du « politiquement correct » ? Un contournement oiseux pour ne pas « appeler un chat, un chat » ?
Pas si sûr.
D’abord parce que le littérisme est un processus qui s’inscrit tout au long de notre vie. Notre environnement change et avec lui nos besoins; y compris nos besoins de formation en français. Un niveau suffisant un jour dans un cadre donné peut, le lendemain, ne plus l’être.
Ensuite parce que le changement de terminologie engendre un changement de regard; le regard porté sur les personnes ayant un besoin de formation mais aussi le regard que ces dernières portent sur leur propre situation.
Lorsque vous souhaitez vous remettre au ski après dix ans d’arrêt, vous vous inscrivez à un cours pour débutant ; pas à un cours pour « mauvais skieur ». Lorsque vous vous êtes décidé à améliorer votre niveau en informatique, vous choisissez, au regard de vos besoins, un cours « word » ou « excel » initiation, perfectionnement ou approfondissement ; pas un cours « nul en informatique ».
Dans tous ces cas, les intitulés de ces cours ou formations ne stigmatisent pas. Les niveaux ne sont pas présentés comme un déficit par rapport à une norme; ils sont structurés par une positive progression. L’acte d’apprendre s’en trouve valoriser.
Considérer un domaine dans lequel vous n’excellez pas, dans lequel vous savez avoir des progrès à réaliser. Iriez-vous vous inscrire à une formation qui pointerait vos manques (« mauvais skieur », « nul en informatique » ou pour ma part « lutte contre les mauvaises cuisinières ») ?
Si vous deviez améliorer vos compétences en français écrit iriez vous dans un cours « lutte contre l‘illettrisme » ou dans une « action de littérisation » ?