Est-il possible que nous soyons tous devenus fous ?
Comment ne pas penser que la dégradation du climat social actuel est en lien direct avec l’illettrisme ?
Comment ne pas se rendre compte que la perte du sens symbolique de la Lettre entraîne à plus ou moins brève échéance la perte des repères qui permettent à un humain de vivre en harmonie dans la société au lieu d’y survivre douloureusement ?
Comment une société qui par le biais de ses journalistes, le plus souvent incultes et illettrés, parle du «Ministre de la défonce» peut-elle faire comprendre à sa jeunesse montante l’interdiction du cannabis ?
Comment même un mécréant comme moi peut-il supporter qu’on ait fait en sorte, sans s’en rendre compte, ce qui est pire, de couper la jeunesse de la possibilité de rencontrer le message de « La bonne nouvelle », celle de la castration symbolique comme un possible avènement du métier d’homme ?
L’illettrisme est le résultat d’une perte du sens symbolique.
En tous cas, lorsqu’on est en présence d’une perte symbolique du sens, l’on peut dire avec la psychanalyse qu’on est en présence d’illettrisme.
Toute tentative de retrouver le chemin du sens symbolique sur un mode imaginaire sera mortifère et vouée à l’échec. Le tout se jouant sur le registre de ce qui fait trou, c’est-à-dire ce qui manque. Manque qui est proliférant lorsqu’on l’envisage de façon imaginaire et qui débouche automatiquement sur du trou dans la réalité. Se faire des trous, boire comme un trou, aller au trou, finir dans le trou, etc., singeant ainsi une symbolique inabordable dont le feu n’est pas le moindre élément puisqu’on dit « feu » mon oncle pour parler d’un dont la présence fait trou au monde de la réalité.
Alors échafauder toutes ces bêtises qui ont été dites sur les « événements » des banlieues est une trace encore d’illettrisme. Mieux vaut constater que « l’évènement » signifie le passage par l’EVE, c’est-à-dire la castration symbolique où un signifiant propre à chacun s’inverse pour faire « arche ». Arche, c’est-à-dire coffret scellé où la connaissance d’avant toujours présente, sera enfouie à jamais. Bien sur, vous l’aurez remarqué, j’emploie ici jamais au sens de toujours, comme « aucun » qui peut dans certains cas signifier certains lorsque je dis « comme d’aucuns ».
Cela nous ramène au mot « personne » qui signifie parfois une présence humaine et d’autre fois « nobody » comme on dit dans la perfide Albion.
En dehors de ceux qui cherchent à combler le manque de façon imaginaire et qui très vite finissent au trou quel qu’il soit, il y a la masse de ceux courageux mais délirants, qui cherchent le contact avec le feu ou le trou mais qui sont comme quelqu’un qui aurait fait une bonne lettre, le juste message, mais qui l’enverrait à la mauvaise adresse. Celui-là erre à jamais dans « l’être où ?».
Quand allons-nous nous rEVEiller ?