L’enjeu est de taille : il s’agit de passer d’un support de discours imaginaire où les symptômes du social (déficit de la Sécu, augmentation du chômage, baisse du pouvoir d’achat, harcèlement sexuel dans l’entreprise, stagnation des salaires…) s’inscrivent sur un repère orthonormé avec une origine, une moyenne, une quantification permanente, à un support symbolique permettant une relecture dans une autre dimension.
—————–
Ce passage d’un support d’écriture à un autre ne modifie pas les lettres mais entraîne un usage différent de la Lettre et engage ainsi des effets et une lecture différents.
Dans la dimension symbolique, les lettres accrochent du réel, c’est-à-dire qu’elles articulent du jeu signifiant, qu’elles fixeront d’ailleurs dans les mêmes symptômes.
L’importance pour un psychanalyste, ce n’est pas de distinguer le bon du mauvais, l’homme de la femme, mais plutôt la manière dont on les répartit entre sexué et non sexué. Sexué et non sexué par rapport à un grand Autre, référence tierce dont la caractéristique sera de n’être plus alors ni seulement masculin ni seulement féminin.
Dans la dimension imaginaire du langage, la norme du plus grand nombre détient le pouvoir et pose d’emblée le problème de l’origine et donc du quantifiable.
Le discours politique et/ou social nous renvoie sans cesse à cette dimension imaginaire et propose ainsi des relations d’affrontement dans lesquels nous sommes précipités à notre insu.
Lire les symptômes autrement, ce n’est pas les faire disparaître, la guérison n’est pas notre propos ; nous les lisons et nous les lions autrement. Ils ont une autre fonction dans la dimension symbolique, ils sont constitutifs de la lecture, ILS SE FONT ÉCRITURE !
Le temps de cette dimension est un temps réversif :
« là où ce n’était pas, ça advient comme si ça avait été là de tout temps ».